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EMERGENCE : L’EXEMPLE MALAISIEN (Par Moubarack LO)

EMERGENCE : L’EXEMPLE MALAISIEN  (Par Moubarack LO)

De tous les miracles économiques récents, l’expérience de la Malaisie est l’une de celles qui fascinent le plus. Pays pauvre et sans espoir en 1960, la Fédération malaisienne a en effet réussi la prouesse de se hisser au niveau des pays les plus dynamiques au niveau mondial. Qu’on en juge : 

la croissance économique s’est établi en moyenne à 7% par an entre 1970 et 1997, tandis que le revenu national par tête d’habitant a été multiplié par trente en 45 ans, passant de 368 dollars en 1970 à près de 11.000 dollars en 2015. Au surplus, la rapidité avec laquelle la Malaisie est sortie de la crise asiatique de 1997 est le signe que ses fondements sont solides et qu’elle est prête a affronter des défis plus grands ;

la part des exportations manufacturières dans les exportations totales a littéralement bondi, de 11,9% en 1970 à 63,7% en 2012 ; les produits électriques et électroniques représentant à une part importante des exportations totales. 

pays d’accueil des investissements étrangers jusqu’à récemment, la Malaisie possède désormais des entreprises multinationales (en particulier Petronas et Telecom Malaysia) qui investissent les marchés des autres pays en développement, notamment ceux d’Afrique ;

malgré sa diversité ethnique (68% de Malais, un quart de chinois de Chinois et moins de 10% d’Indiens s’y côtoient) et religieuse (l’islam, qui y est majoritaire, le christianisme, le bouddhisme, l’hindouisme, etc.), la Malaisie est un îlot de stabilité où le sentiment national et la tolérance habitent chaque citoyen;

enfin, soucieux de maintenir un parfait équilibre entre tradition et modernité, la Malaisie a su faire coexister des symboles d’une monarchie (sultanat dans 9 des 15 régions et territoires, présence d’un Roi à la tête du pays) et des institutions dignes d’une démocratie parlementaire et d’un Etat moderne.  

 

Il est intéressant, pour les pays africains qui aspirent à devenir émergent, d’étudier de près ce brillant exemple de dynamisme et d’équilibre, pour s’en inspirer dans la conduite de leur politique de développement.

 

Qu’est ce qui donc explique le miracle malaisien ? Deux facteurs doivent être retenus à cet égard : un excellent leadership et  des politiques judicieuses appliquées par de solides institutions publiques.

 

 

 

 

1. Un excellent leadership

 

Le succès de la Malaisie est d’abord, sans conteste, celui des leaders politiques qui se sont succédé à sa tête depuis 1960 et qui ont placé le défi du développement avant toute autre préoccupation, notamment politicienne. 

 

A cet égard, il convient d’accorder une mention spéciale à l’actuel Premier Ministre, le Docteur Mahathir Mohammed (arrivé au pouvoir en 1980), qui a été (avec le Premier Ministre Tunku Abdul Rahman qui a gouverné dans les années 1960) celui dont l’action a été la plus déterminante pour propulser la Malaisie vers les sommets.

Dans des conditions difficiles, le Dr Mahathir a su faire siennes plusieurs des 36 qualités que je considère comme fondamentales pour un bon leader. En particulier, le Premier Ministre malaisien a su faire preuve de courage et de détermination, définir une vision et tenir le cap, prendre des initiatives et y faire adhérer ses compatriotes. 

 

Un exemple typique peut-être trouvé dans le programme Vision 2020, dont l’objectif est de transformer la Malaisie, à l’horizon 2020, en un pays totalement développé. Cette vision est aujourd’hui partagée par tous les Malaisiens et, il n’est pas rare de trouver sur des enseignes commerciales, du marché de Kuala Lumpur, l’inscription « Vision 2020 ».   

 

Au-delà du décor et des symboles, ce sont à la fois l’âme, l’esprit et le comportement des citoyens  que la Vision a cherché à influencer. 

 

Hier confinés dans des activités agricoles, passifs et sans grande ambition, les Malaisiens doivent dorénavant apprendre à entreprendre et à être de vrais professionnels, gérer des commerces, des PME et des grandes entreprises, participer activement à la Bourse des capitaux, investir les marchés mondiaux et la haute technologie, épargner plutôt que gaspiller leurs revenus, se former aux métiers les plus sophistiqués, avoir confiance en eux-mêmes, adopter les valeurs éthiques et morales ainsi que les bonnes manières (s’opposer à la corruption, ne pas jeter des ordures dans la rue, soigner sa présentation, arriver à l’heure et respecter les délais, etc.). 

A cet égard, le rachat, dans des conditions inédites,  par l’Etat malaisien, au début des années 1980, à la Bourse de Londres, des actions de la société d’huile de palme malaisienne dénommée Guthrie,  a constitué un déclic, pour montrer aux Malaisiens, qu’en osant et en prenant des initiatives, ils pouvaient y arriver et rivaliser avec les meilleurs dans le monde.

 

Pour permettre qu’une telle « révolution culturelle » se produisît, il fallut que le gouvernement, sous la houlette du Premier Ministre, fît preuve de leadership, et usât tout à la fois de communication, d’éducation, d’incitations et, lorsque les circonstances l’exigaient, de sanctions. 

 

Aujourd’hui, cette option et ses choix difficiles semblent porter leurs fruits, comme l’attestent les progrès palpables de la Malaisie sur tous les plans.

 

Un autre exemple de leadership, c’est la décision prise en 1985 par le gouvernement malaisien de développer une voiture nationale « Proton ». Malgré les réserves d’une bonne partie des experts qui considéraient le projet comme un éléphant blanc, le Premier Ministre malaisien a poursuivi son idée jusqu’au bout, et, aujourd’hui, la réussite de Proton est reconnue par tous, en Malaisie comme à l’étranger, même si des interrogations demeurent sur le maintien d’une forte protection douanière en sa faveur.

 

Un dernier exemple de leadership du Premier Ministre malaisien, c’est le lancement en Malaisie de plusieurs oeuvres architecturales connues mondialement : la transformation de Kuala Lumpur en une capitale moderne de dimension mondiale, verte et illuminée (« lightened garden city »), les célèbres Twin Towers (les tours jumelles) de Kuala Lumpur, la tour des télécommunications et les innombrables autres buildings qui ont « poussé comme des champignons », la nouvelle cité administrative, (Putrajaya) qui accueille le Premier Ministre et plusieurs Ministres, bâtie, à une cinquantaine de kilomètres de Kuala Lumpur, dans une zone anciennement forestière et qui vise à décongestionner la capitale politique et économique de la Malaisie, la cité intelligente virtuelle « Cyberjaya », les « corridors économiques » mis en place à travers le pays avec toutes les infrastructures requises, le technopôle de Kedah, les centres éducatifs d’excellence, le développement de « Growth triangles » avec les pays voisins de l’ASEAN, les multiples autoroutes à péage créées jusque dans la capitale pour rendre fluide la circulation, les domaines touristiques intégrés (comme les « Mines ») qui possèdent en leur sein des golfs, des hôtels, des centres de conférences, des méga-centres commerciaux (« Malls»), des rivières et plages artificielles, etc.

 

 L’anecdote suivante est bien connue des Malaisiens : leur Premie…


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