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Otages, rançon et armes : l’accord non avoué entre Dubaï et le JNIM

Otages, rançon et armes : l’accord non avoué entre Dubaï et le JNIM

Un membre de la famille royale de Dubaï, Joumoua Ben Maktoum Al Maktoum, et deux de ses collaborateurs (pakistanais et iranien) ont été enlevés le 23 septembre sur un aérodrome privé près de Bamako par des combattants du JNIM (Al-Qaïda au Sahel). Les trois hommes ont été détenus pendant plus d’un mois dans le nord du Mali.

Le 31 octobre, un jet privé quittant Bamako pour Dubaï a évacué un membre de la famille royale émiratie et deux de ses collaborateurs, récemment libérés après plus d’un mois de captivité au Mali. Les trois hommes avaient été enlevés le 23 septembre sur un aérodrome privé proche de Bamako par le JNIM (Al-Qaïda au Sahel).

Le propriétaire du site, Joumoua Ben Maktoum Al Maktoum, général émirati à la retraite et acteur du commerce de l’or au Mali, a été ciblé avec ses employés (Pakistanais et Iranien). Ils ont été transférés dans une zone contrôlée par les jihadistes, dans la région de Kidal.

Pour obtenir leur libération, la famille royale et les autorités émiraties ont sollicité des intermédiaires ayant accès au JNIM. Une rançon en argent liquide a été versée lors d’un échange dans le désert, au nord de Gao, le 27 octobre. Les otages ont ensuite été acheminés à Bamako avant leur départ pour Dubaï.

Une zone d’ombre demeure : plusieurs sources sécuritaires affirment qu’en plus de la rançon, un accord parallèle impliquant une livraison d’armes aux jihadistes pourrait avoir été conclu par les Émirats via la Libye. Le Mali a ouvert une enquête, mais aucune confirmation officielle n’a été donnée.

Après avoir pris contact avec le Jnim, les médiateurs rencontrent les émissaires du groupe armé dans une forêt au sud de Gao. Plusieurs jihadistes de haut rang sont impliqués dans les discussions, notamment Housseine Ould Hamada – dit « Zakaria » – , et Hama Ould Lahweyere – alias « Abou Hamza Tabankote » – , chef du Jnim dans le Tilemsi, la région de Gao. Tous deux sont des Arabes de Tabankort, comme « Rougi » et « Izelnou ». Les tractations se déroulent sous la supervision d’Abou Hamza Al Shinqiti, le « Monsieur otages » du Jnim.

Entretemps, un informateur a dévoilé aux jihadistes la véritable identité de l’Émirati et sa valeur auprès de la famille royale. Ils renchérissent alors leurs conditions et exigent une livraison d’armes, un échange de prisonniers et une forte somme d’argent s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros.

La livraison d’armes est de facto exclue par les autorités maliennes, qui y voient le risque d’un renforcement immédiat du blocus que le Jnim impose à Bamako. Mais le temps presse, et du côté de Dubaï comme du côté des jihadistes, on souhaite une résolution rapide. « L’otage émirati a plus de 80 ans et le Jnim craignait qu’il perde la vie entre leurs mains », confie Mohamed Fall Abdourahmane, un proche des médiateurs.

Rapidement, la somme initiale demandée par les preneurs d’otage est divisée par deux. Selon plusieurs sources, celle-ci est fixée à 50 millions d’euros. Un nombre « gonflé » assure le proche des médiateurs. « La somme finale était plus petite et a été offerte par la famille de l’Émirati après sa libération », poursuit-il, assurant qu’« aucune livraison d’armes n’a été finalisée dans l’accord ».

L’échange se déroule en plein désert, au nord de Gao, dans la zone de Tilemsit, entre Tarkint et Bourem, le 27 octobre. La rançon est remise en euros. Les trois hommes libérés sont alors emmenés à Gao, où ils passent la nuit avant de rejoindre Bamako, le 29 octobre.

En résumé : 23 septembre : enlèvement de trois étrangers par le JNIM., 27 octobre : libération contre rançon (et possiblement armes)., 31 octobre : départ de Bamako vers Dubaï en jet privé. Les autorités maliennes gardent l’affaire sous silence en raison de la sensibilité diplomatique et économique des relations avec les Émirats.

Avec Jeune Afrique 

 


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