La presse sénégalaise tire le signal d’alarme. Ce jeudi 6 novembre 2025, à la Maison de la Presse Babacar Touré, les principaux acteurs du secteur ont décidé de ne plus subir en silence. Réunis dans l’urgence, éditeurs, syndicalistes et responsables de médias ont lancé le Front pour la Défense de la Liberté de la Presse (FDLP), une plateforme de riposte collective née après les arrestations de Maïmouna Ndour Faye (7TV) et de Babacar Fall (RFM).
Face à la crise profonde qui secoue le secteur des médias depuis plusieurs mois, les acteurs du paysage médiatique sénégalais se sont réunis, ce jeudi 6 novembre 2025, à la Maison de la Presse Babacar Touré pour la mise en marche du Front pour la Défense de la Liberté de la Presse ( FDLP), une plateforme créée suite à l’arrestation de la Patronne de 7 Tv, Maïmouna Ndour Faye et de Babacar Fall de la RFM.
Une initiative de l’Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL), du Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS), du Syndicat des Professionnels des Médias (Synpics) et la CJRS.
Un rendez-vous jugé décisif pour repenser l’avenir d’une profession en perte de repères, fragilisée par des difficultés économiques et sociales persistantes.
« Nous vivons depuis dix-huit mois une crise très profonde, marquée par des arriérés de salaires, des problèmes de santé, de loyer, et plus largement des difficultés existentielles », a déploré Ibrahima Lissa Faye, président de l’APPEL, en ouvrant la rencontre.
Selon lui, la situation des journalistes et techniciens s’est considérablement dégradée, affectant la dignité même du métier.
Les intervenants ont souligné la précarité croissante des professionnels de la presse, dans un contexte de mutation rapide des technologies et de concurrence féroce sur le marché de l’information. « Nous savons tous que le salaire, quel qu’en soit le montant, fait vivre une famille entière », a rappelé Lissa Faye, appelant à une mobilisation collective pour « trouver des solutions au mal-vivre du secteur ».
L’assemblée, qualifiée de « souveraine » par ses organisateurs, avait pour objectif de dégager une feuille de route commune. Plusieurs options sont sur la table, notamment la mise en place d’un comité ou d’un bureau chargé de coordonner les actions futures.
Dans un discours ferme, le président de l’APPEL a exhorté ses confrères à dépasser les clivages et à faire front commun : « Je ne me bats pas pour Lissa Faye, ni pour Maïmouna Ndour Faye, ni pour qui que ce soit. Arrêtons de personnaliser le débat. Mettons l’intérêt supérieur de notre profession et de la démocratie sénégalaise au-dessus de tout. »
Il a également dénoncé une tendance à la division et à la récupération politique, estimant que « la presse est l’un des piliers fondamentaux de l’État de droit ».
Pour Ibrahima Lissa Faye, la crise du secteur trouve aussi ses racines dans un modèle économique dépassé : « Les technologies vont très vite, et nous risquons d’être dépassés. Pendant ce temps, nos contenus nourrissent les réseaux sociaux, les tiktokers et les influenceurs. Si nous cessons de produire, ils n’auront plus rien à partager. » Le président de l’APPEL a enfin appelé à une prise de conscience collective : « Notre profession est menacée. Nous devons nous lever, nous serrer les coudes et sortir de cette impasse. », a-t-il martelé.