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Prince Mbacké : chute d’un jet-setteur

Prince Mbacké : chute d’un jet-setteur

Le célèbre marabout Serigne Modou Moustapha Mbacké, alias Prince, a encore été condamné, ce mercredi 3 juillet, à un an de prison avec sursis pour des faits d’escroquerie au visa, par le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. C’est la deuxième fois que l’homme, autrefois illustre jet-setteur, fait face à la Justice pour des faits similaires.

L’un des visages les plus flamboyants de la jet-set sénégalaise à la charnière des années 2010-2020. Costumes sur mesure, montres clinquantes, lunettes griffées, bolides rutilants et surtout, une présence sur les réseaux sociaux digne des influenceurs du monde entier, Serigne Modou Moustapha Mbacké, né en 1992, contribuait à asseoir son image dans les milieux mondains de la S. de S., avec mariages déclinés en fanfare. La légende de Prince Mbacké s’est effondrée comme un château de cartes au fur et à mesure qu’il s’est retrouvé empêtré dans une série de procédures. L’homme qui, disait-on, soignait son image de la presse, était connu comme l’un des parrains de la jet-set sénégalaise. Tout n’était que vernis.

Une libération à coups de conciliations juridiques
C’est en mars 2023, lorsque les vérités lui sont servies presque cruellement, Prince Mbacké se fait rattraper par les réalités. Serigne Modou Moustapha Mbacké, alias Prince, est arrêté sur ordre du juge du 3e cabinet, dans le cadre de l’affaire du nommé Modou Touré. Dans les détails, l’enquête de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane révèle une rocambolesque affaire d’escroquerie au visa qui implique un certain nombre de protagonistes, notamment une certaine Amy Sy, responsable d’une agence de voyage et un certain Oumar Diop, agent de l’ICA pour Prince.

Ils sont accusés d’avoir perçu d’importantes sommes d’argent pour faire voyager plusieurs Sénégalais, sous prétexte de facilitation de visas. Le fils de marabout est ensuite rattrapé par une autre affaire du même type, en lien avec un certain M. W. Le château de cartes est sur le point de s’écrouler. Très vite, le parquet découvre que l’affaire de Prince dépasse la simple filouterie. Une cascade de plaintes similaires, déposées dans les juridictions du pays, signalent une série d’escroqueries avec le même mode opératoire : des promesses de visas, des montants faramineux encaissés… Et les victimes, toujours les mêmes. Les noms de Oumar Diop, Amy Sy, M. W., entre autres, réapparaissent. L’agence de voyage concernée, Madiorou l’expert Paolo Lois au niveau de l’aéroport international Blaise Diagne, est également indexée par les services d’enquête. Certains plaignants, qui avaient même acheté leurs billets d’avion, ils apprennent que leurs visas ont été refusés à cause de la mise à jour de faux papiers. Finalement, leur bourreau apparaît comme un ingénieux filou doublé d’un manipulateur de foi.

Les faits sont établis, Prince Mbacké est rattrapé à plusieurs reprises par la justice. Mais, à chaque fois, il arrive à obtenir des conciliations à l’amiable avec les plaignants, soit en remboursant, soit en les « pigeant », selon des proches de certains dossiers.

Un prince en sursis
Jugé ce mercredi 3 juillet par le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, le jet-setteur reconnaît une partie des faits qui lui sont reprochés. « J’ai perdu dans mon business, je voulais me refaire. J’ai été manipulé par d’autres », allègue-t-il à la barre, tentant ainsi de plaider la clémence. Le parquet s’oppose au principe de libération immédiate et demande une peine dissuasive. Mais les juges optent pour la clémence. Tentant de sauver les meubles, l’homme est condamné à un an de prison avec sursis.

Deux enveloppes anonymes remises en pleine audience, nous dit-on, ont été décisives. Me Oumar Diop Sall est allé vite en besogne : le paiement remboursé. Le Procureur temporise en réclamant la clémence, arguant de la célébrité publique de l’accusé et de ses responsabilités familiales. L’affaire se termine dans la clémence, comme d’habitude. Mais l’homme n’est plus que l’ombre de lui-même. Jugé pour escroquerie au visa, il est aujourd’hui l’illustration de la descente aux enfers d’un jet-setteur autrefois adulé. Entre buzz, rumeurs, arrestations et libérations, il ne lui reste qu’une image d’ancien parvenu sans substance.

L’homme au style flamboyant, souvent en photo dans les clubs huppés, sera désormais affublé du titre de Damoclès judiciaire : une épée suspendue au-dessus de sa tête, au moindre faux pas. Une notoriété brisée, une réputation à reconstruire. Le 30 mai 2025, Prince Mbacké est finalement condamné à un mois de prison avec sursis. Une peine en bas qui s’explique par la restitution à ses plaignants. Le tribunal a pris en compte le remboursement des victimes et la volonté de médiations sociales, pour décider d’une peine plus légère.

Juges conciliants, parfois souriants, Prince Mbacké a longtemps bénéficié d’une jurisprudence indulgente. Mais le dernier jugement pourrait être le dernier épisode d’une série judiciaire devenue critique et complexe.

L’OBS


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