Derrière les lunettes griffées, les montres à cinq chiffres et les mariages spectaculaires, se cachait une toute autre réalité : celle d’un système d’escroquerie savamment huilé. Mercredi 3 juillet, le Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye a de nouveau condamné Serigne Modou Moustapha Mbacké, alias Prince, à un an de prison avec sursis pour escroquerie au visa. Une peine qui tombe comme un couperet de plus dans une saga judiciaire qui n’en finit plus.
Du faste à la fraude
Il fut l’enfant doré des années 2010-2020. Héritier d’un nom illustre du mouridisme, Prince Mbacké s’était imposé comme l’un des visages les plus flamboyants de la jet-set sénégalaise. Costumes taillés au cordeau, voitures de luxe, vie entre Dakar, New York et Dubaï : il vendait du rêve à coup de selfies clinquants. Deux mariages extravagants avaient scellé sa légende. Son aura atteignit son zénith lorsqu’il se rapprocha d’une célébrité de la musique sénégalaise. Il incarnait l’ascension sociale à la sénégalaise… jusqu’à ce que le vernis se fissure.
La chute d’un mirage
C’est en mars 2024 que le château de cartes commence à s’effondrer. À Zac Mbao, cinq jeunes candidats à l’émigration vers le Canada, floués de plus de 12 millions de FCFA, piègent Prince avec l’aide de la police. Il est arrêté et placé en garde à vue. Ce n’est que le début d’un engrenage judiciaire. Comme le rapporte L’Observateur, une cascade de plaintes similaires remonte à la surface : des visas fictifs, des passeports confisqués, des tampons frauduleux, des promesses qui s’évanouissent… et surtout, des victimes abusées par son nom et sa réputation.
Justice douce, victimes amères
Le 30 mai 2025, il écopera d’un mois de prison avec sursis, grâce à des accords à l’amiable, des remboursements partiels, des retraits de plainte orchestrés par des médiateurs. Une « décrispation judiciaire » qui lui permettra d’éviter la prison… du moins temporairement.
Mais les ennuis judiciaires continuent. Le mercredi 3 juillet, nouvelle plainte, nouveau procès. Cette fois, ce sont Oumar Diop Sall et Mor Sarr qui accusent Prince de leur avoir soutiré respectivement 2,5 et 2,18 millions de FCFA pour des visas italiens et américains. À la barre, Prince Mbacké reconnaît partiellement les faits mais tente de minimiser. Il se défend, parle d’intention d’« aider », mais admet n’avoir aucun agrément ni partenariat. Deux enveloppes sont remises pendant l’audience pour remboursement. Oumar Diop Sall se déclare intégralement dédommagé, Mor Sarr accepte un échéancier.
Un an de prison… avec sursis
Le parquet requiert un an de prison, dont six mois ferme. La défense plaide la clémence et demande une requalification en abus de confiance. Le tribunal opte finalement pour un an avec sursis. Une sentence prudente, mais lourde de conséquences : au prochain faux pas, Prince retournera en prison.