Le classement publié par TasteAtlas pour l’année 2024-2025, intitulé « 100 Best Cuisines in the World », suscite autant d’admiration que d’interrogations. En tête de ce palmarès, on retrouve la Grèce (4,60), suivie de l’Italie (4,59), le Mexique (4,52), l’Espagne (4,50) et le Portugal (4,50). L’Europe du Sud et l’Amérique latine dominent ainsi les premières places, avec une forte représentation des cuisines méditerranéennes, reconnues pour leur richesse en saveurs et leur diversité d’ingrédients.
La France, souvent considérée comme un haut lieu de la gastronomie mondiale, n’arrive qu’en 8e position, derrière des pays comme l’Indonésie (7e) ou la Turquie (6e), ce qui pourrait surprendre certains puristes. On note également la présence marquée de pays d’Asie de l’Est comme le Japon (9e), la Chine (10e) et l’Inde (12e), confirmant leur influence culinaire mondiale.
Cependant, un fait frappe immédiatement à la lecture de ce classement : l’absence totale des pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal, dont la cuisine est pourtant considérée comme l’une des plus emblématiques du continent africain. Le Ceebu Jën (ou Thiéboudiène), plat national sénégalais à base de riz, de poisson et de légumes, est unanimement salué pour sa complexité, son goût profond et son caractère identitaire. Il est regrettable qu’il ne soit pas reconnu à sa juste valeur dans ce palmarès, qui semble accorder peu de place à la diversité culinaire de l’Afrique subsaharienne. Le Ceebu Jën, souvent cité comme l’un des plats les plus représentatifs de l’Afrique de l’Ouest, a même été proposé à l’UNESCO pour figurer au patrimoine immatériel de l’humanité. Son absence dans le classement soulève donc une incompréhension légitime auprès des défenseurs du patrimoine culinaire africain. À noter tout de même la présence de l’Algérie (21e), du Maroc (38e), de l’Égypte (40e) et de l’Éthiopie (49e) — mais aucun pays d’Afrique noire n’est classé dans ce top 50.
Autre fait notable : la Palestine figure à la 46e place. Une reconnaissance importante quand on sait les difficultés extrêmes que subissent les Palestiniens pour préserver leur patrimoine culinaire, en raison de l’occupation israélienne et de l’embargo imposé par l’État sioniste. Cette présence est donc symboliquement forte, au-delà même des considérations gustatives. L’ambassadeur de l’État de Palestine en Côte d’Ivoire, également accrédité au Tchad, au Niger, au Burkina Faso et à la République du Congo, a salué cette distinction en ces termes : « Merci au site Taste Atlas d’avoir placé la cuisine palestinienne à la 46e place du classement des meilleures cuisines du monde. Ce n’est pas le classement qui compte mais plutôt de voir y figurer la Palestine et pas Israël qui a l’habitude de voler et s’approprier tout notre patrimoine culinaire et avoir en plus le culot de nous affamer. Quand notre État indépendant sera déclaré, nous accueillerons le monde entier pour lui faire partager avec la générosité qui nous caractérise, nos recettes ancestrales », a-t-il promis.
Enfin, des pays comme l’Angleterre (48e) ou le Canada (43e) figurent dans le classement, bien que leurs cuisines soient souvent perçues comme moins distinctives ou traditionnelles. Ce choix pourrait alimenter le débat sur les critères retenus par TasteAtlas pour évaluer les cuisines : sont-ce les plats populaires, les recettes ancestrales, la richesse des terroirs ou la popularité sur les réseaux ?
En résumé, ce classement met en lumière des cuisines incontournables, mais révèle aussi certaines lacunes, notamment l’effacement des cuisines africaines de l’Ouest, qui gagnent pourtant en influence à l’échelle internationale. Une révision des critères d’évaluation s’impose peut-être, afin de mieux refléter la véritable diversité culinaire du monde.