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Olivier Nduhungirehe : « La neutralisation des FDLR est un préalable au retrait rwandais »

Olivier Nduhungirehe : « La neutralisation des FDLR est un préalable au retrait rwandais »

 
Alors que l’accord de paix signé le 27 juin 2025 sous l’égide des États-Unis entre Kigali et Kinshasa suscite espoirs et scepticisme, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a clarifié la position de son pays dans un entretien accordé à Jeune Afrique. Il insiste sur un point clé : sans la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), aucun retrait des troupes rwandaises de la RDC n’est envisageable.

« C’est à cause des FDLR que nous avons dû déployer des mesures défensives, et la neutralisation de ses combattants est un point central de l’accord de Washington », martèle le chef de la diplomatie rwandaise. Selon lui, le texte signé à Washington représente « une première manche », posant les bases d’un processus de paix ambitieux qui devra être prolongé à Doha, notamment sur la question de l’AFC-M23.

Une paix conditionnée
Bien que Donald Trump, parrain de l’accord, ait salué « une grande affaire » susceptible de mettre fin à trente années de conflit, Nduhungirehe reste prudent. Il rappelle que de nombreux accords similaires n’ont jamais été mis en œuvre, et souligne que celui-ci ne sera effectif qu’à condition de démanteler les FDLR, qualifiés de « mouvement génocidaire ».

À la question du retrait des troupes rwandaises, il se réfère au Conops (Concept des opérations) adopté lors du processus de Luanda en octobre 2024, affirmant que « la neutralisation des FDLR va ouvrir la voie à la levée de nos mesures défensives ».

Sur ce point, le ministre rwandais est catégorique : « Aucune négociation n’est possible entre notre gouvernement et les FDLR. Ce sont des forces soutenues par le gouvernement congolais et intégrées dans les FARDC. Même les rapports de l’ONU le disent. »

L’accord de Washington prévoit la création d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire pour suivre l’évolution du terrain, notamment après la chute de Goma et Bukavu début 2025. Des adaptations du Conops seront possibles, mais pas de coopération militaire directe avec Kinshasa contre les FDLR, insiste-t-il.

Vers une rencontre Kagame-Tshisekedi ?
Olivier Nduhungirehe confirme également l’intention de Donald Trump d’organiser un sommet entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à la Maison-Blanche : « Il les a remerciés pour l’accord et a proposé une rencontre sans préalable pour continuer à promouvoir la paix et la prospérité. »

L’accord intègre aussi un volet économique, visant à encourager l’intégration régionale et des investissements conjoints. Interrogé sur la possibilité de voir des entreprises américaines exploiter des minerais congolais pour les raffiner au Rwanda, Nduhungirehe reste évasif : « Ce sont des détails à finaliser dans un accord séparé. Mais les dividendes économiques de la paix doivent être notre boussole. »

Et si Doha échoue ?
Interrogé sur les risques d’un échec des négociations entre Kinshasa et le M23 à Doha, le ministre balaie la question : « Avec des si, on peut mettre Paris en bouteille ! À Washington, la RDC et le Rwanda se sont engagés à soutenir les pourparlers de Doha. »

Enfin, concernant l’ombre de l’ancien président Joseph Kabila, présent dans une zone contrôlée par l’AFC-M23, Olivier Nduhungirehe estime que cela relève d’« une question interne à la RDC » et rejette les accusations selon lesquelles Kigali assurerait sa protection.

Une paix sous influence extérieure ?
Critiqué pour avoir laissé les États-Unis prendre la main sur la médiation, Nduhungirehe répond : « Peut-être que les processus africains ont été ralentis par la bureaucratie ou la mauvaise volonté. Mais les États-Unis et le Qatar sont venus avec de la résolution. Et les médiateurs africains sont aussi impliqués. »

En conclusion, si l’accord de Washington est un jalon important, Kigali reste ferme : sans désarmement des FDLR, aucune avancée concrète ne sera possible.


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