Le Fonds monétaire international (FMI) n’a toujours pas tranché sur la suite à donner à l’affaire de la « dette cachée » de 7 milliards de dollars, révélée par le Premier ministre Ousmane Sonko. Cette affaire, confirmée par la Cour des comptes, a conduit à la suspension des décaissements du programme d’aide de 1,8 milliard de dollars signé en 2023 sous Macky Sall.
Pour lever ce gel, le FMI attend du Sénégal des documents complémentaires pour finaliser la procédure de « misreporting », une condition préalable à toute reprise des financements. En attendant, le pays fait face à une urgence de liquidités, aggravée par des taux élevés sur le marché obligataire régional.
Face à la situation tendue entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI), le président ivoirien Alassane Ouattara a pris une initiative diplomatique de poids. L’ancien haut responsable de l’institution de Bretton Woods s’est personnellement investi pour soutenir le gouvernement sénégalais dans son bras de fer avec le FMI, consécutif à la révélation d’une dette cachée de 7 milliards de dollars.
Lors d’une visite officielle à Abidjan le 30 mai dernier, le Premier ministre Ousmane Sonko a été reçu par Alassane Ouattara, quelques semaines seulement après le déplacement du président Bassirou Diomaye Faye dans la capitale ivoirienne. Le message était clair : renforcer la coopération et obtenir un soutien politique de taille pour sortir le Sénégal de l’impasse financière dans laquelle il se trouve.
Alassane Ouattara n’est pas un inconnu dans les couloirs du FMI. Il y a occupé des fonctions stratégiques : directeur du département Afrique de 1984 à 1988, puis directeur général adjoint entre 1994 et 1999. Sa voix porte encore dans les cercles décisionnels de l’institution, notamment auprès de sa directrice générale actuelle, Kristalina Georgieva, avec qui il entretient des relations de confiance.
Déjà intervenu avec succès dans le dossier de la restructuration de la dette du Ghana, Alassane Ouattara tente désormais de réitérer l’exploit en facilitant les discussions entre le FMI et le Sénégal. Ce dernier n’a toujours pas fourni tous les documents requis pour clore la procédure de « misreporting » déclenchée après la découverte de la dette dissimulée. Sans cette étape, aucun nouveau décaissement ne peut être envisagé.
Pour le Sénégal, ce soutien est crucial. Depuis septembre 2024, le pays fait face à une crise de liquidités, aggravée par le gel du programme d’aide de 1,8 milliard de dollars. Les autorités s’efforcent de rétablir la confiance tout en sollicitant des investissements du Golfe, eux-mêmes conditionnés à la reprise du programme du FMI.
L’intervention d’Alassane Ouattara, en tant que médiateur expérimenté, pourrait donc s’avérer décisive. En jouant de son influence au sein du FMI et de son expérience de technocrate, il tente d’offrir au Sénégal une porte de sortie politique et financière, dans une conjoncture nationale et régionale tendue.
Avec Jeune Afrique