Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a livré une première évaluation alarmante des effets de la guerre éclair entre Israël et l’Iran sur les installations nucléaires iraniennes.
Invité de la matinale de RFI ce mercredi 26 juin, le diplomate argentin n’a pas caché son inquiétude : « Le programme nucléaire iranien n’est pas anéanti, mais il a subi d’énormes dégâts. » Selon lui, trois sites stratégiques ont été particulièrement touchés : Natanz, Ispahan et Fordo, où étaient concentrées la majorité des activités d’enrichissement et de conversion de l’uranium.
Grossi précise que ces frappes lancées le 13 juin ont entraîné des destructions physiques majeures, rendant les installations « non opérationnelles ». Si certains autres sites en Iran ont été épargnés, les dégâts constatés sur les principaux centres nucléaires ne font guère de doute.
Des affirmations américaines à relativiser
Lorsqu’on lui demande si l’affirmation du président américain – selon laquelle le programme nucléaire iranien aurait été « retardé de plusieurs décennies » – est crédible, Grossi reste prudent :
« Cette approche chronologique n’a pas une tradition heureuse… Cela dépend de ce que l’on évalue, de quels objectifs on parle. »
Selon lui, l’évaluation d’un tel programme ne peut pas être détachée de l’intention qui le sous-tend, surtout lorsqu’il s’agit de finalité militaire : « Cela reste subjectif. Les intentions, on ne juge pas, on analyse ce que l’on voit. » Ce qu’il constate, en revanche, c’est que les capacités actuelles de l’Iran sont largement réduites.
Ce que montrent les images satellites
Privée d’accès physique depuis le début du conflit, l’agence s’appuie aujourd’hui sur ses données historiques et sur l’analyse des images satellites. Grossi se veut clair : « On connaît ces installations par cœur. C’était notre travail quotidien. »
À titre d’exemple, il cite le site souterrain de Fordo, gravement endommagé par des bombes à haute pénétration. « On peut conclure que les centrifugeuses ne sont plus opérationnelles. Ce sont des machines extrêmement sensibles. Les vibrations ont dû tout détruire. » Résultat : un hall d’enrichissement complètement hors service.
Interrogé sur les 408 kilos d’uranium enrichi que possédait l’Iran avant la guerre, Grossi rectifie : « En fait, un peu plus. Mais jusqu’au 12 juin, nos inspecteurs étaient encore sur place. On a pu faire l’inventaire jour par jour. »
L’Iran aurait annoncé prendre des mesures de protection pour sécuriser cette matière hautement sensible. Néanmoins, dès le début des frappes, tout mouvement ou inspection est devenu impossible. « Naturellement, personne ne bouge. Et dès que le cessez-le-feu a été annoncé, j’ai immédiatement écrit au ministre iranien des Affaires étrangères. »
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